La collection

Texte : Harold Pinter
Mise en scène : Ludovic Lagarde
Durée : 1h20

Les Bouffes du Nord
16 03 2019

Night in Tunisia, de Charlie Parker 1946

La scène est divisée en deux parties égales, noir et blanc. Le sol est recouvert de carreaux de ciment gris foncé. L’action se déroule à Londres dans les années 60, date de l’écriture du texte par Harold Pinter.

À cour, un appartement à Belgravia que partagent deux hommes, un escalier recouvert d’un tapis, deux fauteuils club en cuir marron, deux tables basses gigognes, un coussin noir, une desserte en verre, un sac en cuir, un vase rempli de raisins, un couteau. On y entre par une porte noire brillante. Il y a un porte-manteau.
À jardin, l’appartement à Chelsea d’un couple, une moquette blanche recouvre les carreaux, un pick up, une banquette blanche, une table basse en plastique transparent au plateau gris, une lampe composée d’un cube noir surmontée d’une colonne de lumière, un petit tabouret en bois.

Incipit : Tard dans la nuit, Harry Kane (Mathieu Amalric) rentre chez lui avec un grand masque sur la tête. Il reçoit un appel mystérieux : un homme veut parler à Bill (Micha Lescot).
Bill est l’homme qui partage la vie d’Harry. Une histoire que la femme de cette homme a racontée : elle a passé une nuit avec Bill dans une chambre d’hôtel à l’occasion d’un voyage à Leeds. James (Laurent Poitrenaux), le mari veut confronter Bill à ce récit ; il en connaît les moindres détails. Bill prend l’affaire avec désinvolture et semble confirmer ou infirmer les faits rapportés selon son humeur. Stella reste placide tandis que Harry dément avec flegme puis s’agace.

La pièce est composée de ces va-et-vient entre les versions, entre les appartements, entre les personnages et l’issue ne tranchera pas. La mise en scène est faite de jeux de symétrie, de moments chorégraphiés, le texte est lapidaire. Ludovic Lagarde réunit trois comédiens exceptionnels et parfaitement distribués : Micha Lescot, silhouette longiligne, dégingandée, voix mélodieuse, manières de dandy, la chevelure rousse pour l’occasion ; Mathieu Amalric, silhouette plus lourde, démarche chaloupée, voix métallique inimitable, regard noir en amande ; Laurent Poitrenaux incarne une pugnacité méthodique jusqu’à inquiéter. Tous les trois autour d’une présence féminine pleine, incarnée par Valérie Dashwood, chevelure épaisse, et allure britannique.

 

Texte : Benoît Maghe



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