La nuit des rois

Texte : William Shakespeare
Mise en scène : Thomas Ostermeier
Durée : 2h50

La Comédie Française – salle Richelieu
07 02 2019

La scène est l’intérieur d’un immense cube blanc aux perspectives accentuées, dont la face manquante correspond au cadre de scène ; elle est prolongée par un ponton étroit qui enjambe l’orchestre séparé en deux parties égales. Le sol est couvert de sable, il y a des palmiers découpés, des rochers en carton pâte et un fauteuil au centre. Des hommes gorilles errent.

L’argument de Shakespeare :

En Illyrie, le Duc Orsino (Denis Podalydès) fait jouer le lamento della ninfa dans le but d’apaiser sa passion amoureuse pour la Comtesse Olivia (Adeline D’hermy) qui vit recluse depuis le décès de son frère. Viola (Georgia Scalliet) est débarquée sur la côte suite à un naufrage dans lequel elle pense que son frère jumeau Sébastien (Julien Frisson) a péri. Prudente, elle se travestit dans l’espoir d’entrer au service du Duc.

Devenue Cesario et confident du Duc, Viola/Cesario est envoyé/e auprès de la Comtesse pour dépeindre son amour alors que naissent en elle des sentiments de même nature pour le Duc. Dès le premier entretien se met en place un triangle amoureux : Viola aime secrètement le Duc Orsino qui admire de loin la Comtesse Olivia qui tombe amoureuse de Cesario/Viola – dont l’apparence est semblable à celle de Sébastien. Finalement rescapé et protégé d’un capitaine au désir équivoque, son arrivée fait vaciller l’équilibre du triangle qui devient un carré. Dans la cour d’Olivia, les excès se déchaînent : son oncle Sir Toby et son compagnon de soûlerie Sir Andrew multiplient les frasques. Ils sont punis par l’intendant Malvolio qui devient la cible de leur vengeance. Ils s’allient alors à Maria et Feste pour lui jouer un tour d’une affreuse cruauté.

À la fin, les faces du cube se séparent, les quatre protagonistes, sujets désirants et objets de désirs, tous alignés, s’embrassent dans une ronde combinant tous les possibles : Viola-Orsino, Viola-Olivia, Viola-Sébastien, Orsino-Olivia, Orsino-Sébastien, Sébastien-Olivia. Derrière eux se dévoile la fin tragique de Malvolio.

Pour sa première mise en scène à la Comédie Française, le directeur de la Schaubühne a choisi cette comédie de Shakespeare qui explore l’agencement des désirs au cours d’une nuit pendant laquelle traditionnellement, tout était permis. Thomas Ostermeier explique que la troupe du Français lui offre le casting idéal pour monter ce spectacle dont le couple Viola/Cesario-Sébastien constitue le coeur, qui se dédouble pour réveiller le désir et brouiller la question du genre.

“ One face, one voice, one habit, and two persons, a natural perspective, that is and is not.” (Acte IV, scène 1)

 

Texte : Benoît Maghe



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